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Un plan de 7,7 millions d'euros pour sept bateaux de sauvetage et des rénovations pour la SNSM en Normandie
Un faux air de Noël en été. Les stations normandes de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) vont bénéficier d'un renouvellement de flotte d'ici 2029. Dès cette année, un sealegs (un bateau amphibie) à Barfleur dans la Manche, un semi-rigide ou un sealegs à Port-en-Bessin et une petite vedette (ou un semi-rigide) à Trouville-Deauville. Ce 21 juillet
à Ouistreham
, la SNSM, la Région Normandie et les départements maritimes ont présenté un plan de 7,7 millions d'euros sur cinq ans. Sept bateaux vont être achetés, en plus de la « modernisation-carénage » d'un certain nombre d'autres, consistant en une vaste rénovation d'un navire existant pour prolonger sa durée de vie.
C'est d'ailleurs ce qui s'était passé à Dives-sur-Mer en 2017. « Notre vedette de 10,5 m a été construite en 1991. Elle a eu une refonte en 2017, pour dix ans de plus. Quand c'est comme ça, il faut presque tout changer », éclaire Jean-Louis Monteiro, président de la station, qui recevra dans deux ans un nouveau bateau de 12 m. Un renfort plus puissant bienvenu car « on a des bateaux de plus en plus gros au port, en plus des chalutiers ».
Un peu plus à l'est, Trouville-Deauville attend les successeurs de sa vedette de 25 ans et son semi-rigide de 8 ans (la durée de vie de ce dernier est estimée autour de 10 ans). « En plus du sauvetage en mer, la sécurité le long du littoral repose sur nous. On a 50 à 60 interventions par an et trois fois plus de sorties en mer avec les exercices. Les bateaux sont bien utilisés », rappelle Bruno Chauvin, président de la station de la côte fleurie. La station est prévue dans le plan.
Un investissement nécessaire pour la continuité opérationnelle et de bonnes conditions de sécurité pour les sauveteurs bénévoles, qui ont réalisé 433 sauvetages en mer (pour 850 personnes) et près de 2000 interventions sur la plage l'an dernier en Normandie. Mais ce renouvellement est de plus en plus onéreux. « Le coût des matières premières augmente, il y a plus de normes environnementales pour les bateaux et en plus, tous les renouvellements se concentrent sur une petite dizaine d'années », détaille Bertrand Hudault, inspecteur général Manche et mer du Nord pour la SNSM. Une soixantaine de nouveaux bateaux dans ce laps de temps aux quatre coins du pays. Mais là où un canot tout temps coûtait 1,4 million d'euros il y a encore quelques années, la facture grimpe désormais à 2,35 M€. C'est 1,15 M€ pour une vedette de 12 m, 300 000 euros pour une vedette légère et entre 170 000 et 230 000€ pour un semi-rigide.
« Pour les nouveaux navires, il y a une règle coutumière, glisse l'inspecteur général. Nous payons 50 % et la région et les départements financent l'autre moitié. Elle n'est pas suivie partout », ajoute Bertrand Hudault. Un effort loin d'être anodin dans le contexte tendu des finances publiques. En Normandie, les collectivités suivent. La Région investit quasiment deux millions d'euros. Le Département de la Manche paye près de 800 000 euros, la Seine-Maritime environ 650 000 euros et le Calvados un peu plus de 485 000 euros. Son président, Jean-Léonce Dupont, met toutefois en garde : « J'espère que nous pourrons maintenir ce financement au-delà de 2029. Si l'incurie de l'État continue, à un moment, nous ne pourrons plus. »
La convention triennale entre la SNSM et les collectivités est devenue quinquennale, pour étaler la dépense. Et l'effort est porté sur les fameuses « modernisations-carénage ». Même si la magie des réparations touche parfois ses limites,
à l'image des vicissitudes de la vedette de Port-en-Bessin en avril dernier
, longuement immobilisée à cause d'une panne. « S'il y a un désengagement, ça va remettre en cause le système, s'alarme Jean-Louis Monteiro. Il faut garder ce principe du bénévolat mais, en parallèle, des subventions pour les bateaux. » La SNSM normande peut au moins souffler, avec cette grosse vague de renouvellement.